Jésus lui dit : « Esprit impur, sors de cet homme ! » Jésus fait donc la distinction entre l’esprit impur et l’homme. Même au plus fort de la désolation, il n’y a pas identification entre la personne que nous sommes et le combat qui nous habite. Nous ne nous limitons jamais à ces mouvements et nous ne pouvons pas davantage enfermer les autres dans ce que nous percevons de leurs cris.
« Quel est ton nom ? » (Mc 5,9)… Jésus s’adresse à l’homme dans un « tu ». Cette parole adressée engage un dialogue qui, peu à peu, va permettre de sortir de la confusion. Dans son commentaire de l’Evangile de Marc, le père Delorme dit ceci de cet homme : « On dit souvent qu’il est "possédé", mais ce qui est clair, c’est qu’il est dépossédé de sa parole, de son être personnel et de toute relation à d’autres personnes.[1] » La Parole de Celui à qui « même les vents et la mer obéissent » (Mc 4,41) donne de faire la distinction entre ce qui, en nous et dans nos vies, nous enfonce dans la peur, le trouble et l’isolement, ou ce qui va du côté de la vie et de la relation. Cette Parole nous est adressée chaque jour…
Les gens « arrivent auprès de Jésus, ils voient le possédé assis, habillé, et revenu à la raison, lui qui avait eu la légion de démons, et ils furent saisis de crainte. (…) Alors ils se mirent à supplier Jésus de quitter leur territoire. » (Mc 5,15.17) Ce qu’ils voient là échappe à leurs catégories. Ils se laissent guider par leur peur et excluent Jésus de leur horizon.
Alors que l’homme libéré désire être avec Jésus, cet appel lui est adressé : « Rentre à la maison, auprès des tiens, annonce-leur tout ce que le Seigneur a fait pour toi dans sa miséricorde. » Alors l’homme s’en alla, il se mit à proclamer dans la région de la Décapole ce que Jésus avait fait pour lui, et tout le monde était dans l’admiration. » (Mc 5,19-20). C’est ainsi par le témoignage et la parole de cet homme rendu à la Vie et réintégré au milieu des siens que la Parole agissante de Jésus pourra alors être accueillie. Cet appel nous est adressé chaque jour faisant ainsi de nous des disciples-missionnaires au service de la Vie.
[1] Jean Delorme, L’heureuse annonce selon Marc, Cerf, coll. Lectio divina, p. 341.
Sr Claire-Isabelle Siegrist